Faire le point sur la circoncision

La circoncision consiste à l'ablation, religieuse ou non, du prépuce, la petite peau recouvrant le gland du pénis.

Cette procédure est encore pratiquée sur une grande quantité d'enfants en amérique, à la naissance ou dans les jours suivants.

Cet acte, fait sans le consentement de l'enfant, est irréversible et potentiellement dangereux.

Aux États-Unis, à chaque année, entre 1 100 000 et 1 250 000 garçons nouveaux-nés subissent cette opération. Sur le lot, environ 117 décèdent de complications liées à leur circoncision.

La pratique de circoncire les bébés pour des raisons non-religieuses à débuté à la fin du 19ème siècle, causée par une hystérie anti-masturbation généralisée. Les gens craignaient que, en devant dérouler leur prépuce pour découvrir leur gland lors de leur toilette, les garçons pourraient être amenés à se masturber. Or, à l'époque, on croyait que la masturbation pouvait mener à la démence.

Une autre croyance, qui tire aussi son origine au 19ème siècle, est que la circoncision protègerait les hommes contre les maladies transmises sexuellement. Cette croyance est fausse. Seule une sexualité saine et responsable, ainsi que l'utilisation du condom peut protéger des maladies transmises sexuellement et du VIH. Au Québec et au Canada, aucune étude sérieuse n'a pu prouver que les hommes intacts étaient plus infectés que les hommes circoncis. D'ailleurs, durant la crise du SIDA aux États-Unis au cours des années 1980 et 1990, 85% des hommes adultes étaient circoncis. De nos jours, les États-Unis restent parmis les pays industrialisés les plus affectés par le SIDA, contrairement aux pays européens où le taux de circoncision est largement inférieur.

Et le prépuce lui-même, à quoi sert-t-il? Contrairement à la croyance générale, le prépuce n'est pas une simple ''petite peau'' qui ne sert à rien. Il est une partie intégrante, normale et utile du pénis. Le rôle premier du prépuce est de protéger et lubrifier le gland et de participer au plaisir sexuel. Le prépuce, comme la peau recouvrant le clitoris chez les filles, contient de nombreuses terminaisons nerveuses et est une zone érogène. Il fait aussi partie des zones les plus sensibles du pénis.

Comment se déroule une circoncision? Le bébé est séparé de sa mère et emmené dans une salle froide et insonorisée, où il est dénudé et immobilisé à l'aide de sangles. Par la suite, à l'aide d'instruments en métal froids, son pénis est mutilé, très souvent sans aucune anesthésie. Il a beau hurler de douleur, ses cris sont ignorés. On lui met ensuite un bandage, on le ramène aux siens et il doit réapprendre à leur faire confiance.

Cette façon de procéder a été instaurée à une époque où on considérait que le cerveau et le système nerveux du bébé était trop immature pour ressentir la douleur et pour se souvenir de l'opération. Aujourd'hui, il est prouvé que les bébés sont très sensibles à la douleur, et qu'ils ont déjà une mémoire. Des hommes sous hypnose se sont remémorés avec douleur cet événement extrêmement pénible. Comment peut-on ainsi ignorer les cris de détresse d'un nourrisson et les qualifier de réflexes? Comment peut-on instaurer de telles pratiques sans penser qu'elle pourraient avoir des conséquences graves sur ces enfants?

Voici deux vidéos sur le sujet. On y voit dans les deux le déroulement d'une circoncision, avec le son. Attention, ces images, ainsi que les cris de détresse de ces bébés peuvent vous troubler.






Au Canada, il est illégal de faire subir des mutilations génitales (circoncision, excision) aux filles, même pour des raisons religieuses. Alors pourquoi est-t-il acceptable de mutiler les petits garçons? Il est intéressant de noter que la circoncision de bébés (filles ET garçons) sans raison médicale est déjà illégale (ou en voie de l'être) dans certains pays comme la Suède, la Finlande, la Norvège et l'Islande.

Comme une grande quantité d'hommes en âge de procréer en amérique sont circoncis, l'un de leurs soucis est que leur fils, si laissé intact, se sente différent, que le fait qu'il ne ressemble pas tout à fait à son père ou oux autres garçons le dérange ou le complexe. Dans une situation comme celle-là, il est possible d'avoir une discussion avec le jeune garçon, lorsqu'il remarquera sa différence. Comme dans un cas cité dans le livre Birthing From Within de Pam England, où un jeune garçon de quatre ans remarque pour la première fois que le pénis de son père est différent. Le père lui a répondu que lorsqu'il était bébé, la petite peau de son pénis a été coupée, mais que sa mère et lui avaient décidé de lui éviter cette opération qui fait très très mal. Le petit a simplement répondu: « Merci de ne pas les avoir laissé me fair mal à moi aussi». Voyez comme il est facile d'expliquer à un enfant une situation comme celle-là? Et puis le problème ne se posera plus lorsque ce garçon sera père à son tour, de garçons intacts, brisant ainsi la chaîne.

Quel message envoie-t-on aux petits bébés en les accueillant dans la torture? Tout de suite en arrivant, ils doivent apprendre à se créer des mécanismes de défense, par peur de devoir souffrir à nouveau. Comment ensuite bâtir une relation coeur à coeur, en confiance avec les gens qui ont choisi de leur faire subir cette pénible expérience? Et si le premier lien qu'à un enfant avec son pénis en est un de violence et de douleur, quelle genre de sexualité aura-t-il dans le futur? Comme le dit si bien Marilyn Milos: «La circoncision,  c'est où le sexe et la violence se rencontrent pour la première fois».

J'ai des opinions assez tranchées sur la plupart des sujets en périnatalité et autour des enfants, mais la plupart du temps, je m'efforce à donner les informations de façon objective. Par contre, dans un cas comme celui-ci, il m'est très difficile de rester objective. Lorsqu'il s'agit d'imposer des mutilations irréversibles et potentiellement dangereuses à un enfant sans son consentement, il m'est impossible d'en voir les bons côtés.

Je suis désolée pour les mamans ayant déjà choisi la circoncision, peu importe leur raison, et qui regrettent maintenant leur choix. À ces mamans, je suggérerait d'avoir un dialogue avec leur enfant, pour lui expliquer ce qui s'est passé et essayer d'en guérir les conséquences. L'amour peut guérir bien des choses...

Voici quelques ressources que je vous invite de visiter si vous voulez en savoir plus:
Documents de principe: La circoncision néonatale revisitée par La société canadienne de pédiatrie
Stop Circoncision Québec
Stop the Cut

Sources:
ENGLAND, Pam et HORROWITZ, Rob, Birthing from Within, 1998, Partera Press, USA, 309 p.
CHAMBERLAIN, David, What Babies are Teaching us About Violence (article), journal of prenatal and perinatal psychology and health, Volume 10 issue 2, 1995.

Bonne journée!

image: http://www.circumstraint.com/Images/circumstraint2_lrg.jpg


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