Le bonnet de bébé à travers les âges

Voici mon deuxième billet sur les chapeaux de bébé. Le premier traitait de l'importance de couvrir la tête d'un bébé en tout temps. Bien que ce concept soit rarement appliqué à la lettre de nos jours, c'était la norme jusqu'au début du vingtième siècle. Depuis des centaines d'années, couvrir la tête d'un bébé était un automatisme. Vous connaissez maintenant mon intérêt pour l'histoire. J'ai donc voulu profiter du thème pour découvrir le pourquoi et le comment de la chose. Quelles étaient les raisons données à l'époque pour garder la tête des bébé couverte? Quels genres de chapeaux ou de coiffes les bébés portaient-t-ils et pourquoi?

Un médecin grec de l'Antiquité du nom de Soranos D'Éphèse, explique dans son traité de gynécologie intitulé ''Des maladies des femmes'' Les premiers soins à donner au nouveau-né. Il explique comment procéder à l'emmaillotement, et conseille de recouvrir la tête du nouveau-né par un enroulement de tissu afin de protéger la fontanelle.

Au Moyen-Âge, le bonnet existait, mais une façon particulière d'emmailloter l'enfant et permettant de recouvrir la tête en même temps est très utile, surtout pour ceux n'ayant pas les moyens de se procurer des bonnets. Comme l'explique si bien Danièle Alexandre-Bidon, dans son étude des vêtements de la prime enfance: «Pour vêtir l'enfant, on replie sur lui la fine toile blanche, puis le drap, pan gauche par-dessus le pan droit... La tête, enfin, est drapée dans le plus fin des langes, celui placé à même le corps et il faut ménager toute une série de plissés sous le menton pour que tienne convenablement cette capuche improvisée. La pratique présente un double avantage : outre qu'elle dispense de l'achat d'un bonnet, le cou comme la poitrine sont ainsi bien calfeutrés» L'image ci-dessous illustre bien la technique:

On croyait aussi que le fait de bien serrer les oreilles de l'enfant dans la calotte empêcherait les oreilles de se décoller

On a aussi très longtemps attribué au bonnet de baptême, imprégné du saint-chrême et considéré comme sacré, un pouvoir protecteur. Ce bonnet, souvent orné d'une petite croix brodée, était mis sur la tête après l'onction du saint-chrême et se nomme chrémeau. 
Cette enfant est Madame Sophie-Béatrice de France, dernier enfant de Marie-Antoinette, qui est malheureusement décédée à l'âge de 11 mois. Cette toile la représente attifée d'un joli bonnet et d'une robe assortie, probablement en soie et en dentelle,  puisque c'était une enfant de la noblesse. 

En plus de protéger la tête du bébé du froid et de protéger les fontanelles, le bonnet de bébé, souvent fait de lin, de soie ou de coton, et parfois orné de broderies et de dentelle,  a aussi longtemps signifié la position sociale de la famille, par les tissus utilisés et par ses ornements. 
L'une des croyances et des raisons d'utiliser le bonnet qui a complètement disparu aujourd'hui est par rapport à la crasse. On a longtemps attribué à la crasse toutes sortes de vertus. Par exemple, on croyait que la croûte de crasse qui se formait sur la tête des nouveaux-nés protégeait les fontanelles. Les poux ont aussi longtemps été considérés comme bénéfiques aux petits enfants, car ils étaient supposés les soulager de leurs humeurs viciées. Je suppose donc qu'on attribuait  au bonnet le rôle de bien garder la crasse et les poux à l'intérieur. Le scalp des petits enfants ne devait pas non plus être très beau à voir, alors le bonnet venait enjoliver le tout. 
Juste pour le plaisir, pour vous donner une idée de l'hygiène des petits à l'époque: Le Dauphin de France, le futur Louis XIII, né en 1601, a n'a pris son premier bain qu'à l'âge de sept ans. à six semaines on lui a frotté la tête, à deux mois on lui a lavé le visage avec du beurre frais et de l'huile d'amande douce, et on ne l'a peigné pour la première fois qu'autour de son premier anniversaire, parce que sa tête lui démangeait trop. Ce n'est seulement qu'à la fin du XVIIIème siècle qu'on commence à comprendre l'importance de l'hygiène enfantine et à laver régulièrement les enfants (dans les classes aisées), grâce à l'Émile de Jean-Jacques Rousseau.

Une variante du bonnet, qui a complètement disparu aujourd'hui s'appelle le bourrelet. Ce type de bonnet d'enfant, fait de tissu rembourré et parfois même de caoutchouc, était porté par des bébés en âge de se déplacer et pendant leur apprentissage de la marche, afin d'amortir les chocs au crâne lors de chutes. Les bourrelets ont complètement disparu au cours du XIXème siècle.  
                             
                 
À gauche, un bourelet en satin de soie rebrodé et rembourré de carton, XVIIIème siècle, et à droite, un enfant en bourrelet et lisière, tenu par sa gouvernante, vers 1780. 

                  
À gauche, un bourrelet en cuire rembourré avec des rubans en soie, datant de 1820-1825 et en provenance de l'Amérique. À droite un bébé dans sa poussette portant un bourrelet. Date inconnue, mais probablement durant la deuxième moitié du XIXème siècle, selon le style de vêtement et de poussette. Les deux images ci-dessus sont tirées du blog Les petites mains

La jeune reine Victoria avec deux de ses neuf enfants, vers 1845 (mon estimation). Remarquez le joli bonnet du bébé avec la petite fleur de tissu qui s'agence avec la bande de la robe. 

Règle générale, jusqu'au début du vingtième siècle, les filles et les garçons étaient habillés de la même façon, c'est-à-dire en robe et en bonnet jusqu'à l'âge de deux ans environ. Les garçons quittaient alors la robe pour une tenue légèrement plus masculine (souvent une tunique ou une robe de coupe différente) et quitteront le bonnet entre deux et cinq ans, ça dépend des époques. Les fillettes quittaient habituellement le bonnet d'enfant lors de leur première communion pour une sorte de bonnet un peu différent appelée coiffe. Chaque époque avait des normes un peu différentes par rapport à l'âge ou l'on quittait le bonnet et au type de chapeau après, mais ça se ressemble beaucoup. Parfois même, les femmes portaient un bonnet tout au long de leur vie, seuls les modèles variaient.  

Un grand soin et une grande minutie était apporté aux bonnets de bébé et d'enfants, surtout lorsqu'il s'agissait de riches ou de nobles. Voici, pour le plaisir, quelques exemples de bonnets de bébé d'époque.

                 
Bonnet de soie brodé au fil d'or, France, XVIIIème siècle


Bonnet du roi de Rome, début du XIXème siècle

Bonnet du roi de Rome, début du XIXème siècle


Bonnet de garçon, date inconnue

Bonnet de garçon, date inconnue

Bonnet d'enfant, date inconnue

Les bonnets d'enfants et les coiffent suivaient aussi la mode, alors si la mode était au grands chapeaux ornementés, les bonnets pour bébés suivaient le mouvement. Voici, pour terminer,  une photo rigolote qui illustre bien la chose:



À la prochaine!

sources:
Google images



Comments

  1. Bonjour, essayez de ne pas assimiler la renaissance avec le moyen age. Dans votre façon d'écrire votre texte on a l'impression que c'étais encore pire avant. Si je ne doute pas de vos écrits, la description que vous faites du dauphin à la renaissance donne à penser qu'avant (et donc au moyen age) il était fait de même. hors, nombreuses sont les images du premier bain du bébé, et on les lave jusqu'à 3 fois par jours. http://medieval.mrugala.net/Bains/Bains.htm

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    1. Merci de la précision Perline, bien que j'ai mentionné la date pour le Dauphin, il est vrai que je n'ai pas précisé que ça aurait pu être mieux avant.

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