Vous ne le savez peut-être pas, mais j'ai fait des études au CEGEP en cinéma. Même si je n'ai pas continué dans ce domaine, je reste tout de même une grande cinéphile. J'ai donc décidé de faire une petite chronique ''critique cinéma'' aujourd'hui, du film Comment prévoir l'imprévisible (version française de What to Expect When you're Expecting), que j'ai visionné hier soir.
Le scénario de ce film est inspiré du best-seller américain What to Expect When you're Expecting, un livre sur tout ce qui entoure la grossesse et la naissance qui s'est vendu à plus de 16 millions de copies. J'ai moi-même feuilleté ce livre récemment, et je n'ai pas du tout accroché. Après avoir lu les livres de Michel Odent et de Ina May Gaskin, j'a trouvé que ce livre laissait à désirer, qu'il manquait d'informations pertinentes, comme l'importance de la préparation à l'accouchement et de l'information par rapport à toutes les interventions possibles. Alors, vous pouvez vous douter que mes attentes pour ce film n'étaient pas très hautes.
En effet, ce film était à peu près ce à quoi je m'attendais. Un film en général ordinaire, avec quelques moments touchants, quelques faits justes, mais en général un peu inutile.
Comment prévoir l'imprévisible suit l'histoire de cinq couples en voie de devenir parents. Le concept du film était d'illustrer différents scénarios de grossesse et de maternité/paternité, et tenter de rejoindre tout le monde. Il y a la jeune fille qui tombe enceinte par accident, le couple de riches pour qui tout réussit, le couple de professionnels qui essaient depuis des années et qui réussissent, le couple infertile qui veut adopter, et le couple de célébrités qui vivent le tout au grand jour. Voici la bande annonce:
Ma première critique est que malgré leur tentative de vouloir illustrer des scénarios différents, mis à part la jeune fille et le couple adoptant, les trois autres sont assez similaires. Le focus du film se fait beaucoup sur la façon dont les couples vivent la grossesse, par rapport aux questionnements du père, et des malaises de la mère. On parle très peu et même pas des différents choix, des risques des interventions, et de l'accouchement comme tel. On n'illustre pas de longs travails, et on reste beaucoup dans les clichés. Ils ne parlent pas non plus de d'autres options, comme d'accoucher avec une sage-femmes, ou bien d'avoir recours à une accompagnante. Le sujet n'est même pas soulevé, et on ne mentionne pas, ou à peu près pas l'allaitement. Il y a aussi beaucoup d'emphase sur le côté matériel de l'accueil d'un enfant. Le gros shower, la grosse poussette, le gros kit, et rien sur la préparation émotive et psychologique, mis à part les questionnements d'un des pères.
Parlant de pères, il y a aussi une autre partie du film que je n'ai pas mentionné, c'est un segment où l'on voit des pères se rassembler dans un parc avec leurs bébés et jaser de paternité et de leur façon de voir les choses. Pourtant, ce qui aurait pu être très chouette comme discussion fait passer les pères pour des imbéciles qui disent un peu n'importe quoi et ont une vision très cynique de déresponsabilisée de la vie de parent. Au moins, il y a un petit moment vers la fin où ils disent que malgré tout, ils ne reviendraient en arrière pour rien au monde.
Les pères. Notez l'usage généralisé de portes bébés non physiologiques. Je ne comprends pas pourquoi ce genre de porte bébé est encore en vente libre, et pourquoi on en fait encore la promotion dans les films. Il en existe tant de bons et beaux pour tous les besoins... Voir mon article sur les bons systèmes de portage pour en savoir plus.
Je trouve ça dommage que ce soit ce genre de films que les futurs parents vont voir, et qui ont des sorties en grand et une grosse publicité, alors que des films comme Birth as We Know It, Orgasmic Birth, What Babies Want, et même Business of Being Born restent dans l'ombre, et il faut les trouver et les commander par internet pour les voir... Est-ce que c'est vraiment comme ça que le commun des mortels conçoit la maternité? Est-ce que je suis tant dans ma bulle d'accompagnante et de naissance consciente que je ne réalise pas ou nous sommes réellement rendus?
Il y a malgré tout quelques points positifs au film. La cheminement de la jeune fille qui tombe enceinte par accident est très touchant et on voit plus son état émotionnel que les autres. L'histoire du couple adoptant, aussi, est bien rendue. On voit les questionnements du père, les angoisses de la mère, leur situation financière un peu difficile et leurs appréhensions, ainsi que la beauté du moment où ils rencontrent finalement leur bébé. Il y a aussi l'une des femmes qui vit une grossesse éprouvante et qui lève le voile sur tous les inconforts de la grossesse, affirmant que finalement, ce n'est pas si «glamour» qu'on le croit de faire un enfant. Un autre aspect que j'ai bien aimé, c'est que la seule qui parle d'allaitement est une jeune femme professionnelle et propriétaire d'une boutique et pas une «grano» finie comme on illustre parfois les pro-allaitement ou les pro-naturel. De plus, toutes les grossesses ne sont pas sans anicroches et certaines d'entre elles ont des complications, et des sérieuses.
Pour conclure, je suis contente d'avoir vu le film, il est divertissant et il y a quelques bons points, mais je me désole de constater que c'est encore où nous sommes rendus. J'espère que ce film sera reçu comme une simple comédie et que les femmes vont quand même pousser leurs recherches un peu plus loin... À quand des sorties de films populaires sur la naissance consciente?
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