Texte d'opinion: Les préparations commerciales pour nouveaux-nés devraient être réservées aux situations d'urgence

Le texte qui suit est un texte d'opinion qui vise à exprimer ma vision des choses par rapport aux préparations commerciales pour nourrissons. Mon but ici n'est pas de juger personne, simplement d'exprimer mon point de vue et mes idées pour des bébés et une société plus en santé.

Considérant que le lait maternel est le seul aliment parfaitement adapté aux besoins alimentaires des bébés,

Considérant que les préparations commerciales pour nourrissons augmentent considérablement le risque de problèmes de santé et de développement, de carences, d'allergies et d'obésité chez l'enfant, et les risques de ne pas allaiter pour la mère,

Considérant le nombre d'enfants, en particulier de certains pays du tiers-monde,  qui souffrent de problèmes graves de santé reliés à l'utilisation de préparations commerciales pour nourrissons,


Ce film en cinq parties traite des effets désastreux de la publicité des préparations commerciales pour nourrissons, principalement aux Phillipines, où un nombre alarmant de mères, influencées par les tactiques publicitaires et promotionnelles des compagnies et par manque d'information,  choisissent la préparation commerciale même si elles n'en ont pas les moyens et des effets catastrophiques sur la santé des bébés, entre autres par rapport aux moyens limités pour bien nettoyer les biberons et pour purifier l'eau. 

Considérant l'impact négatif du point de vue écologique, énergétique et environnemental que représente la production de lait artificiel pour bébés, les déchets produits par sa production, l'utilisation à grande échelle de ressources comme l'eau, l'aluminium, le papier, le plastique, le caoutchouc et le silicone dans toutes les étapes de production, commercialisation et promotion de ces produits,

Et considérant que les risques de ne pas allaiter et de donner ces préparations aux bébés ne sont pas expliqués d'emblée aux parents enclins à nourrir leur bébé de préparations commerciales,

Je crois sincèrement que les préparations commerciales pour nourrissons devraient être réservées exclusivement aux cas extrêmes où l'allaitement est absolument impossible, comme dans un cas où la mère a eu des chirurgies aux seins qui font qu'elle ne peux plus allaiter, ou lorsqu'il y a un problème de santé avec une contre-indication à l'allaitement. Il peut aussi arriver qu'une femme ne produise pas assez de lait, et cela peut être causé par plusieurs facteurs. Dans ce cas, avoir recours à un biberon complémentaire ou à un dispositif d'aide à la lactation pour satisfaire l'appétit de bébé peut s'avérer nécessaire. Chaque situation est différente, et dans certains cas avoir recours à de la formule est impératif. Je ne cherche pas à culpabiliser les femmes qui ont vécu ce genre de situation, bien au contraire.

Le premier pas à faire pour y arriver serait de faire une loi pour interdire toute publicité ou tactique promotionnelle pour convaincre les futurs et nouveaux parents de choisir la préparation commerciale. Si les futurs parents n'étaient pas influencés pas la propagande des compagnies de lait en poudre, et à la place étaient plus informés sur la vraie nature des préparations commerciales pour nourrissons ainsi que les risques de ne pas allaiter, il y aurait probablement beaucoup plus de femmes qui choisiraient d'allaiter. Je ne parle pas ici d'interdire la vente de ces produits, mais simplement de cesser de faire de la fausse représentation. Ces produits seraient toujours en vente libre et les parents auraient quand même le choix d'allaiter ou non.

Les publicités donnent aussi la fausse impression qu'utiliser les préparations commerciales facilite la vie des parents. Ça donne peut-être un peu plus de liberté à la mère, mais c'est toute une logistique, et personnellement, l'idée de me lever en pleine nuit pour préparer un biberon pour un bébé affamé ne me plaît pas vraiment, lorsque l'option de juste lui donner le sein existe... De plus, on ne compte plus le nombre de femmes qui cessent d'allaiter en pensant se faciliter la vie et regrettent ensuite leur choix et souhaitent une re-lactation. Si une mère allaitante veut sortir faire la fête, ou veut que le père puisse aussi nourrir son enfant, pourquoi ne pas juste tirer son lait et en congeler une partie au cas ou?

Pour ce qui est des femmes qui ne peuvent pas allaiter, pour cause de problème physique, médical ou par manque de support, il devrait y avoir une banque de lait maternel à disposition des parents dans cette situation, et que celle-ci devienne le premier recours avant de choisir la préparation commerciale. Héma-Québec pourrait très bien mettre en branle un service de don de lait. Nous allons bien donner du sang sous le slogan «Donnez du sang, donnez la vie». Mais donner du lait, c'est aussi donner la vie, donner la santé, non? Plusieurs pays et même quelques villes canadiennes (Calgary, entre autres) ont déjà ce genre de service disponible. À quand ce virage pour le Québec?

Et si on arrêtait de douter de notre capacité à allaiter? Il y a tellement de problèmes d'allaitement qui se créent et de femmes qui abandonnent ou qui n'essaient même pas, parce qu'elles n'y croient pas vraiment ou qu'elles ne se font pas confiance. Pensez aux femmes en Afrique, ou aux femmes de tribus Indigènes un peu partout dans le monde. Pour elles, allaiter est la norme, et toutes les femmes allaitent. La question ne se pose même pas, et les problèmes d'allaitement sont beaucoup plus rares. À quand cette vision des choses pour le monde occidental? Je rêve du jour où l'on n'entendra plus des phrases du genre « Je vais essayer mais je ne me mets pas de pression», ou bien «Je voudrais allaiter mais si je n'y arrive pas c'est pas plus grave que ça». Dans la grande majorité des cas, ce n'est pas une question de se mettre de la pression ou non, c'est d'y croire et de se faire confiance. Être convaincue et se faire confiance c'est le plus important. Sinon, les chances que ça ne fonctionne pas sont assez fortes. Je ne dis pas que ça réglerait tous les problèmes d'allaitement et que tout serait parfait, il y aura toujours de femmes qui vivent des difficultés, et qui n'ont plus le choix. Mais je suis certaine que beaucoup plus de femmes y arriveraient si elles se faisaient confiance, qu'elles y croyaient et qu'elles se demandaient qu'est-ce qui cause leurs craintes ou leurs doutes.

Comme je l'ai dit au début de mon texte, ceci est un texte d'opinion, je ne prétends pas être une experte en allaitement, et je ne veux pas juger celles qui ont fait le choix de donner de la préparation commerciale à leur bébé, ou qui ont du y remédier pour cause de problème d'allaitement. Celles qui ont fait ce choix ont eu leurs raisons, et ça ne sert à rien de s'en vouloir après. Chacune fait ses choix selon sa situation et ce qu'elle croit être le mieux qu'elle puisse faire pour son enfant. Je ne cherche à culpabiliser personne. Ceux qu'il faudrait viser ne sont pas les mères, mais plutôt les compagnies de lait et les gouvernements pour mettre des lois interdisant toute promotion ou campagne publicitaire servant à faire la promotion du lait en poudre pour bébés, et à la place faire la promotion active de l'allaitement et mettre en branle des moyens pour que les mères qui ne peuvent pas allaiter ou qui ont des difficultés puissent quand même donner le meilleur à leur bébé.

À la prochaine!



Voici un document très intéressant très bien monté intitulé : Propositions d’actions pour la promotion de l’allaitement maternel

Sources:
http://www.info-allaitement.org/uploads/Textes%20en%20PDF/information_commerciale.pdf
http://www.lerelait.com/allaitement/pourquoi-allaiter.html
http://www.waba.org.my/whatwedo/advocacy/pdf/21dangers.pdf
http://www.reducepackaging.com/impact-bottlefeeding.html
http://www.infactcanada.ca/ren_res.htm
http://www.babycenter.fr/i/subcategory/bebe_biberon_subcat.jpg (photo)
https://www.facebook.com/media/set/?set=a.221306191259069.53670.218289551560733&type=3 (photo)
GASKIN, Ina May, Ina May's guide to Breastfeeding, Bantam Books, New York, 2009, 340 pages

Comments

  1. Pour le moment, les compagnies de PCN ont le droit de faire de la pub mais doivent obligatoirement mentionner que l'allaitement maternel exclusif jusqu'à 6 mois est la meilleure option et que les instances de santé le recommandent. C'est souvent écrit très petit... Il y a aussi une restriction sur les images présentées, je ne suis plus certaine mais je crois qu'elles n'ont pas le droit de montrer un bébé au biberon ou qqch comme ça (mais il y a régulièrement des écarts).

    Il faut aussi considérer le fait que l'allaitement se transmet d'une femme à une autre, d'une mère à sa fille. Car, bien que ça soit ce que la nature a prévu pour nourrir les bébés humains, les débuts peuvent être un peu difficiles et nécessiter de l'aide. Mais, dans une société où l'allaitement maternel a été grandement mis de côté durant plusieurs dizaines d'années, cette expertise, ce transfert de connaissance se sont perdus.

    Également, dans notre société occidentale, moderne et plutôt individualiste, on est très féroce sur notre droit de choisir. Le choix, la liberté, liberté de pensée, liberté de choisir, liberté de faire ce qu'on veut et ce qu'on croit le mieux pour nous-même et notre famille. C'est là que le sujet devient chaud! On jongle entre les opinions des gens, les expériences de nos proches, les messages publicitaires, les études scientifiques... Mais au final, on choisit avec notre coeur et notre tête! Je pense qu'une décision pesée et réfléchie se justifie toujours, mais tout le monde n'est pas obligé de penser comme nous.

    Oui, il faut éviter de juger et encore pire de culpabiliser les autres versus les choix qu'ils ont faits (ceci est valide dans tous les domaines et pour tous les aspects de la vie)- même si on n'est pas toujours en accord avec ces choix ou leurs arguments justificatifs. Il n'y a rien de mal à allaiter ni à utiliser des PCN. Par contre, on peut éduquer davantage, épauler davantage, partager davantage entre mères (d'ailleurs, il existe déjà à cet effet plusieurs groupes de soutien de l'allaitement maternel). Faisons comme nos aïeules, comme ces femmes de petits villages ou de pays moins fortunés, moins modernes, et entraidons-nous!

    (Et allaitons! C'est rapide, pratique, bon pour maman, bon pour bébé.)

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    1. Merci Jeanne C. pour ce très beau commentaire constructif!! Je suis absolument d'accord avec toi! Vive l'entraide! les femmes devraient toutes avoir d'autres femmes à qui se confier et partager ce qu'elles vivent, les aider à faire des choix et se supporter entre elles. Bonne journée!

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  2. Je ne suis pas 100% d'accord avec toi. Avec ma fille, l'allaitement a été très difficile dès le début (muguet en partant et pendant les 5 premières semaines). Elle n'a jamais appris à teter comme il faut et je n'ai jamais assez produit; il a fallu complémenter avec de la formule. J'ai essayer de tirer mon lait pour les cas de sorties, mais ça non plus ce n'était pas assez. Alors au final, ça a été un allaitement mixte, avec biberon de formule quand elle avait encore faim et pour les sorties, mais allaitement la nuit et le reste du temps. J'espère que cette fois-ci ce sera différent. Mais j'ai passé par dessus mon sentiment initiale de culpabilité de ne pas avoir réussi toute seule.

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    1. Merci de ton commentaire! Wow ça a été toute une épreuve pour toi, je te souhaite que ça soit plus facile pour le prochain. Avoir du muguet en partant c'est vraiment une des pires choses qui peuvent arriver.Tu ne devrais pas te sentir coupable de n'avoir pas pu allaiter à 100%. Tu devrais même être fière d'avoir été capable de persister malgré le muguet. Tu a persisté et insisté pour continuer à allaiter malgré tout. Je considère que dans ton cas, tu fais partie des ''situations d'urgence'' dont je parle. La fait de complémenter par la formule s'est avérée nécessaire pour toi puisque tu ne produisait pas assez de lait, est les causes possibles sont multiples, et pas nécessairement en lien avec ta capacité à allaiter. Mon texte est peut-être un peu audacieux et choquera peut-être, mais ce n'est pas mon but de rendre les femmes qui ont du avoir recours au biberon coupables. Tu as fait ce qui a été le mieux pour ta fille dans ton cas et je t'en félicite!! Je te souhaite un super accouchement et bonne chance pour ton allaitement avec celui-ci!!

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  3. Hema Quebec travaille sur la mise sur pied d'une banque de lait. Et cette banque de lait existait deja qu Quebec jusque dans les années 1970.

    Au risque de me répéter, la première chose a faire pour faire changer les mentalités occidentales serait de changer notre approche: L'allaitement étant la norme au lieu de parler de ses bienfaits, on devrait parler des risques des préparations lactées. C'est ainsi dans tous les domaines de la santé sauf en matière d'allaitement. Exemple concret: le tabagisme; la norme est de ne pas fumer. donc on parle des risques associés à la cigarette.

    Beau texte d'opinion Laurie. :)

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    1. Merci! Il me semble que j'avais entendu parler de la possibilité d'une banque de lait de Héma-Québec, mais je ne voulais pas m'avancer sans en être sûre! Et tu as absolument raison pour le reste!

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